SGW2022 : Les exemples de Telecoop et de la Banque des Territoires dans l’ESS numérique 

La semaine dernière, l’équipe de la Social Good Week est revenue sur la première table ronde du kickoff français du 19 septembre dernier. A ce titre, les atouts de l’économie sociale et solidaire (ESS) numérique ont été explorés sous un angle européen et à travers le prisme des communs numériques. Dans cette deuxième partie, ce compte-rendu vise à explorer les atouts de l’ESS numérique sous l’angle de l’éducation, de l’inclusion numérique et de la transition écologique.

La Banque des Territoires, acteur public engagé dans l’éducation et l’inclusion numérique

Julie Stein, chargée de projets « Inclusion Numérique et Services au public » au sein de la Banque des Territoires est intervenue sur le sujet de l’éducation numérique. Elle a rappelé dès le début de son propos que les enjeux de développement des compétences numériques sont à traiter dès le plus jeune âge. En effet, les jeunes sont très connectés mais ne sont pas tous compétents numériquement.

Selon un rapport de 2020 sur l’évaluation de la maîtrise des compétences numériques des élèves en huitième année, 43.5% d’entre eux ont une maîtrise insuffisante des compétences numériques. L’Union européenne s’est donné l’objectif ambitieux et encore lointain, de baisser ce chiffre à 15%.Julie Stein, chargée de projets « Inclusion Numérique et Services au public » au sein de la Banque des Territoires.

C’est pourquoi le développement des compétences numériques, à l’école comme en dehors, est primordial. La Banque des Territoires accompagne le développement des politiques publiques sur ces enjeux notamment en investissant des fonds propres pour former des conseillers numériques en France ou en lançant des appels à projets sur le numérique inclusif.

“Nous sommes convaincus que les solutions viennent des territoires et existent déjà. Les solutions viennent des acteurs de l’ESS dans les territoires qui mettent en œuvre des actions depuis longtemps.”

 Julie Stein rappelle ensuite qu’il faut davantage de synergie entre les acteurs du secteur public et du secteur privé. En effet, il y a des complémentarités entre ces deux secteurs en matière de compétences. 

“C’est en mixant les compétences du secteur public et du secteur privé que nous arriverons à développer des politiques publiques qui fonctionnent.”

Telecoop, le premier opérateur coopératif à vocation écologique et sociale

Marion Graeffly est la fondatrice de Telecoop, le premier opérateur coopératif à vocation écologique et sociale. L’exemple de Telecoop est très instructif sur la façon dont l’ESS peut se saisir des enjeux liés à la sobriété numérique et à la transition écologique et sociale en proposant des modèles alternatifs.

“Nous sommes partis d’un constat très simple : le numérique ne peut pas servir l’intérêt collectif avec les modèles économiques que l’on nous impose” explique Marion Graeffly.

En effet, le numérique aujourd’hui, c’est les Licornes dont l’objectif est la recherche de la capitalisation extrême.

“Le numérique doit servir à autre chose qu’à l’économie”, a-t-elle poursuivi. Aujourd’hui, le ministre délégué au numérique est rattaché à Bercy en France. Ce rattachement nous éclaire sur la façon dont le numérique est perçu en 2022 par les pouvoirs publics. Or, l’esprit des pères fondateurs d’Internet était aux antipodes de cette appropriation politique et productiviste. L’objectif était, par la création de communautés horizontales, de faire du commun, du partage de connaissances et de compétences. Nous nous sommes rendus compte que l’objectif était biaisé. Nous avons donc décidé de revenir à la source : le fournisseur d’accès à Internet, c’est-à-dire l’opérateur Telecom.

Telecoop a ainsi été créée comme une coopérative qui a pour principal avantage de protéger la mission de la structure grâce à ses statuts. Ainsi, en coopérative, un sociétaire est équivalent à une voix et la lucrativité est limitée. 57% des bénéfices sont conservés dans l’entreprise pour servir sa raison d’être et 43% des bénéfices sont utilisés selon les votes en assemblée générale selon le principe une personne = une voix.

L’objectif de Telecoop est donc de proposer un abonnement téléphonique facturé par rapport à la consommation réelle du consommateur ou de la consommatrice. Selon Marion Graeffly, il est important de prendre conscience que le numérique n’est pas une ressource illimitée et qu’il faut, en conséquence, repenser nos usages.

“Nous pouvons proposer ce modèle alternatif car nous appartenons à l’ESS”.

Antoine Détourné, Marion Graeffly, Emmanuel Rivat, Julie Stein et Jeanne Bretécher lors de la première table ronde du kick off France, le 19 septembre 2022

Un dernier article sur le compte-rendu du kick off français de la Social Good Week paraîtra la semaine prochaine. Les défis de l’ESS numérique en France et en Europe sous l’angle de la transition numérique des associations, de l’attractivité des talents et du droit national et européen y seront notamment abordés

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